Les masques tombent
Plus l’élection approche, moins François Hollande arrive à dissimuler l’ambiguïté permanente qui lui tient lieu de projet. J’étais hier soir son contradicteur sur France 2 dans l’émission « Des paroles et des actes » et j’ai été frappé par son incapacité totale à donner des réponses claires quand je l’ai interrogé sur des sujets pourtant majeurs pour l’avenir de notre pays : international, nucléaire, immigration, sécurité…
A l’international d’abord, François Hollande a été incapable de dire s’il souhaitait que la France reste dans le commandement intégré de l’OTAN. Il faut dire qu’il avait fustigé, le 8 avril 2008, ce choix de Nicolas Sarkozy comme « contraire à nos intérêts » avant d’expliquer le 27 février dernier sur TF1 qu’il ne s'agirait pas de « sortir » de l’OTAN… Rester ? Sortir ? François Hollande n’a toujours pas tranché. Et pour cause, l’ensemble de ses alliés, Verts, Chevènementistes et Front de gauche sont méfiants à l’égard de l’OTAN. Résultat, plutôt que d’assumer une décision qui déplairait à ses amis, François Hollande louvoie. Cela n’a rien de rassurant, à moins de deux mois de l’élection présidentielle, alors que l’OTAN est l’un des socles de notre Défense nationale.
Le nucléaire ensuite. L’accord électoral, qui lie le PS aux Verts, prévoit la fermeture de 24 réacteurs sur 58 pour passer de 75% à 50% d’électricité d’origine nucléaire. Cette option est confirmée noir sur blanc dans le projet de François Hollande. Mais il n’a pas su expliquer pourquoi il voulait porter un tel coup d’arrêt à cette industrie d’excellence qui emploie 400 000 personnes, assure notre indépendance énergétique et permet aux Français de bénéficier de factures d’électricité 40% moins chères qu’en Europe. S’il a affirmé qu’il fermerait les 2 réacteurs de la centrale de Fessenheim en Alsace, il n’a pas eu le courage de dire quels seraient les 22 autres réacteurs qu’il comptait arrêter, renvoyant à d’hypothétiques décisions à horizon 2025... Courage, fuyons ! En dehors de la nécessité électoraliste de plaire aux Verts, on ne comprend toujours pas pourquoi il a choisi de tirer un trait sur un tiers de nos capacités nucléaires. Et la contradiction saute aux yeux : s’il considère que le nucléaire est dangereux et incontrôlable, alors il faut sortir totalement du nucléaire, s’il considère qu’il n’est pas dangereux, il n’y a pas de raison de fermer arbitrairement un tiers de nos réacteurs.
L’immigration. François Hollande a expliqué qu’il était ferme parce qu’il ne voulait pas de régularisations massives mais des régularisations « au cas par cas ». Mais il n’a pas donné de critères précis de régularisation. Or, régulariser sans critères précis, c’est régulariser massivement. C’est exactement ce qu’avait fait Lionel Jospin et cela avait aboutit à 80 000 régularisations de clandestins sur la seule année 1998…
La sécurité enfin. François Hollande a encore une fois parlé de fermeté. Mais il a surtout affirmé « qu’il y a une part importante des gens qui sont en prison et qui ne devrait pas y être ». Une déclaration surréaliste quand on sait que 80 000 peines de prison ferme ne sont pas exécutées, faute de places dans notre système carcéral ! Dans la même logique, il n’a pas renié, malgré son embarras, la proposition de loi, qu’il a cosignée et que le sénat socialiste a adoptée, le 1er février dernier, qui consiste à faire sortir un délinquant de prison pour en incarcérer un autre…
Présider, c’est décider. Le débat d’hier a montré justement que, sur tous les sujets, François Hollande refuse de choisir. Il préfère changer son discours pour séduire son auditoire. Il n’a donc manifestement ni stratégie, ni vision cohérente pour la France.
Jean François Copé vu sur U-M-P.org